Blockchain. Ce mot est partout. Les médias traitent de ce sujet régulièrement depuis quelques années, mais de quoi s’agit-il vraiment ? Est-ce une « révolution » comme l’a affirmé le journal Le Point ? Cette technologie pourrait-elle « changer le monde » comme le titrait The Economist il y a quelques mois ? Décryptage d’un phénomène qui suscite de nombreuses interrogations.
Nous avons tous entendu parler de la monnaie numérique Bitcoin. Mais sans forcément savoir que la technologie Blockchain est l’infrastructure virtuelle sur laquelle elle repose. Plus précisément, il s’agit d’une technologie de stockage et de transmission d’informations, transparente, sécurisée, et fonctionnant sans organe central de contrôle.
Une base de données infalsifiable et sécurisée
La blockchain est considérée comme étant infalsifiable et sécurisée. Et contrairement aux bases de données plus classiques, elle est « distribuée ». C’est-à-dire que différents exemplaires existent simultanément sur différents ordinateurs communément appelés « nœuds » du réseau. L’information n’est pas stockée dans un serveur central, mais figure simultanément sur l’ensemble des ordinateurs participant au réseau. Cette technologie est fondée sur des échanges de pair à pair (P2P), d’où l’absence d’organe de contrôle ou de tiers de confiance.
Chaque modification apportée à la base de données doit être approuvée et vérifiée par une communauté de pairs. Cette communauté est chargée d’empêcher toute tentative de fraude. Lorsqu’une modification est approuvée, la base de données est automatiquement mise à jour sur l’ensemble des postes du réseau. Chacun peut donc la consulter librement. Pour que la transparence soit totale, il est possible à chaque instant, de retracer l’historique de l’ensemble des modifications apportées à la base de données depuis sa création. Évidemment, il est possible que certains soient tentés de tricher. Mais ce système, basé sur la confiance entre les nœuds de la communauté, permet de garantir l’intégrité de l’information tant que 51% des « pairs » jouent le jeu.
Pas d’intervention d’une autorité centrale de contrôle
La blockchain est donc un registre dupliqué et partagé, constitué de blocs, chacun contenant l’enregistrement de tous les échanges effectués entre ses utilisateurs. Le registre notifie et horodate chaque échange entre chaque nœud dans un bloc. Ce sont les utilisateurs qui possèdent et mettent à jour les informations. Aucune autorité centrale n’intervient. Cette technologie permet qu’une transaction soit effectuée entre plusieurs parties sans la présence d’un tiers de confiance.
Distribuée et non centralisée, la base de données est aussi doublement sécurisée. D’abord par un système de cryptographie dite « asymétrique ». Cela signifie qu’il faut deux clés différentes (une privée, une publique) pour soumettre une transaction dans la blockchain. Ensuite la validation des échanges sous forme de blocs est soumise à un processus baptisé « minage ».
« Un grand cahier impossible à effacer et indestructible »
Il existe des blockchains publiques, ouvertes à tous, et des blockchains privées, dont l’accès et l’utilisation sont limitées. Il est possible de voir la blockchain comme une sorte de livre de compte ou de registre qui contient la liste de tous les échanges effectués entre les utilisateurs. Une blockchain publique peut donc être assimilée à un grand livre comptable public et infalsifiable. Comme l’écrit le mathématicien Jean-Paul Delahaye, il faut s’imaginer « un très grand cahier, que tout le monde peut lire librement et gratuitement, sur lequel tout le monde peut écrire, mais qui est impossible à effacer et indestructible ».
Les champs d’exploitation de cette technologie sont très vastes : banques, assurances, immobilier, santé, énergie, transports, vote en ligne…